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Soutenance de thèse de Justine Fieve

Écarts de performance entre filles et garçons en mathématiques et en littératie au CE2 : Contributions de facteurs psychosociaux et cognitifs

Soutenance

Présentiel
Directeur
Co-directeur

Soutenance de thèse « Écarts de performance entre filles et garçons en mathématiques et en littératie au CE2 : Contributions de facteurs psychosociaux et cognitifs » le mercredi 17 décembre à 13h30 en salle des voûtes sur le campus Saint-Charles (CRPN, bâtiment 9, 3 place Victor Hugo, 13003 Marseille). 

Ce travail a été réalisé sous la direction de Pascale Colé et Isabelle Régner (CRPN, amU). La soutenance se tiendra en français.

 

Le jury est composé de :

Mme Pascale COLÉ Aix Marseille Université Directrice de thèse

Mme Isabelle RÉGNER Aix Marseille Université Co-directrice de thèse

Mme Delphine MARTINOT Université Clermont AuvergneRapporteure

M. André TRICOT Université Paul-Valéry Montpellier 3 Rapporteur

M. Pascal PANSU Université Grenoble-Alpes Examinateur et Président

 

Résumé

Les écarts de performance entre filles et garçons en mathématiques et en littératie apparaissent dès l’école primaire et contribuent à la reproduction d’inégalités scolaires et sociales. S’ils sont bien documentés à l’adolescence, leurs mécanismes explicatifs restent encore mal compris chez les plus jeunes. Cette thèse a visé à mieux comprendre ces écarts en classe de CE2, en examinant conjointement le rôle de facteurs psychosociaux — liés à l’estime de soi scolaire, aux buts d’accomplissement de soi et à la perception de l’implication scolaire parentale — et de facteurs cognitifs, tels que les fonctions exécutives.

Une étude réalisée auprès de 185 élèves de CE2 (98 filles, 87 garçons) durant plus 6 mois, a permis de recueillir, à différents points de mesure, des données sur leurs performances à des tests standardisés de mathématiques et de littératie, leurs réponses à un questionnaire ciblant les facteurs psychosociaux, et leurs performances à une batterie de tests adaptée à leur âge pour évaluer quatre fonctions exécutives (inhibition, flexibilité, mémoire de travail, et planification). Une première série d’analyses a confirmé l’existence d’un écart de performance en mathématiques en faveur des garçons et en littératie en faveur des filles au sein de notre échantillon. Ces différences s’expliquaient par le rôle médiateur de l’estime de soi scolaire en mathématiques et du but de maîtrise-évitement en littératie. Des analyses de modération ont précisé ces relations : en mathématiques, les buts d’approche ont renforcé l’estime de soi des filles uniquement lorsque les buts d’évitement étaient faibles, tandis qu’ils ont protégé celle des garçons lorsque l’évitement était élevé. En littératie, la perception de l’implication parentale a modulé la relation entre genre et but de maîtrise-évitement : un encadrement parental élevé l’a réduite chez les garçons mais l’a accrue chez les filles, suggérant des interprétations différenciées du soutien parental.

Une seconde série d’analyses, fondées sur une approche centrée sur les personnes et spécifiquement focalisées sur les buts d’accomplissement de soi, a permis d’identifier quatre profils motivationnels communs aux deux disciplines : Mastery-Oriented, Approach-Oriented, Moderate Multiple-Goals et High Multiple-Goals. Le profil Approach, combinant volonté de progresser et désir d’exceller, a été associé à de meilleures performances, tandis que les profils Multiples se sont révélés moins favorables. Les filles ont été plus nombreuses dans les profils multiples intégrant la peur de « mal apprendre », et les garçons davantage dans le profil d’approche, confirmant la construction précoce d’écarts motivationnels selon le genre.

Enfin, une série d’analyses plus exploratoires, conduites sur le sous-échantillon d’élèves ayant passé la batterie de tests sur les fonctions exécutives (32 filles, 29 garçons), a permis de montrer que ces variables cognitives prédisaient une part de variance dans les performances au-delà de celle prédite par les variables psychosociales. Un autre résultat important est le rôle médiateur du contrôle inhibiteur dans les écarts de performances filles-garçons à la fois en mathématiques et en littératie : les filles présentaient une inhibition moins efficiente, associée à des performances plus faibles.

Pris ensemble, ces travaux ont montré que les écarts de performance entre filles et garçons au CE2 ne s’expliquent pas par une catégorie unique de facteurs, mais par une complémentarité de déterminants psychosociaux et cognitifs, et soulignent la nécessité d’examiner leurs effets conjoints dès les premières années de scolarité afin de mieux comprendre la genèse des inégalités entre filles et garçons.

 

Mots clés

Différences de genre ; Performance en mathématiques ; Performance en littératie ; École primaire ; Estime de soi scolaire ; Buts d’accomplissement de soi ; Perception de l’implication scolaire parentale ; Fonctions exécutives