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Malgré de grandes transformations depuis les lois de 2005 à 20191 favorisant l’inclusion scolaire, les conditions d’accessibilité aux savoirs fondamentaux (dont le respect d’autrui et la compétence lire, sous-tendue par les compétences lexicales) chez les élèves avec Trouble du Développement Intellectuel (TDI) ou Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) ne sont pas toujours efficientes (Thomas, 2021; Horgan et al., 2022) . Les travaux portant sur les stéréotypes liés à la perception sociale du handicap interrogent par ailleurs les pratiques enseignantes auprès d’élèves avec TDI et/ou TSA dans la mesure où ils montrent que les élèves en situation de handicap (ESH) sont perçus comme agréables mais peu compétents dans les représentations des enseignants (Chavenon, Enea-Drapeau et al., 2022)
Or, de plus en plus d’études montrent l’intérêt des interventions créatives auprès des élèves avec TDI et/ou TSA (Shaughnessy, 2013; Roth, 2018; Huston & Huston, 2024), notamment pour développer des compétences psychosociales ou le langage (Amonkar, 2021). Les théories de la cognition incarnée (embodiment) montrent par ailleurs que les compétences cognitives de haut niveau sont toujours associées au couplage perception-action-réflexion. Ainsi, l’expérience corporelle n’est pas dissociable de la réflexion intellectuelle (Kestenberg Amighi, 2018; Varela, 1989) et le langage est incarné (Fuchs, 2016; Pulvermüller et al., 2005, 2014). Ce constat a des implications directes sur le terrain scolaire et les choix d’approches didactiques et/ou pédagogiques (Eschenauer et al., 2022, 2023). La didactique des arts plastiques est fondée
sur la praxis (Pélissier, 1998) reposant sur l’interaction entre acte créatif et développement sensible et réflexif du sujet agissant. Nous nous inscrivons ainsi dans l’approche de l’apprentissage par le faire [learning by doing] de Dewey (1934). Cette approche pragmatiste considère l’expérience comme l’un des vecteurs privilégiés pour comprendre et apprendre (Mélis et Claverie, 2025).
Cette recherche tente d'apporter des éléments de réponse aux questions suivantes :
- En quoi une formation par la recherche peut-elle transformer les perceptions sociales des enseignants vis-à-vis des ESH?
- Comment/en quoi l’expérience plastique peut-elle favoriser le développement de la compétence de communication et plus spécifiquement du respect d’autrui et de la maîtrise lexicale des enfants avec TDI et/ou TSA?
- Quels sont les liens entre le respect d’autrui, la maîtrise lexicale et l’engagement corporel ?
Pour y répondre, cette étude s’organise en deux volets :
Le premier volet (étude pilote: 2024-2025) concerne les enseignants et la formation professionnelle. L’objectif de cette étude pilote est i) d’identifier les représentations sociales des enseignants vis-à-vis des élèves avec TDI et/ou TSA et de mesurer l’évolution du sentiment d’efficacité professionnelle perçu (Desombre et al., 2019) et ii) d’identifier des pratiques susceptibles de promouvoir le développement des
savoirs fondamentaux, le respect d’autrui et les compétences lexicales chez des élèves avec TDI et/ou TSA en dispositif ULIS. Pour ce faire, un dispositif de formation continue a été proposé à l’équipe enseignante portant sur ce que nous appelons par la suite “une approche incitative d’expérimentation artistique”. Ainsi, une approche compréhensive de la pratique enseignante permet de mettre en lien les pratiques identifiées avec les besoins professionnels de terrain relatifs à la didactique des arts plastiques. Cet enseignement sous-tend des aptitudes réflexives et d’ouverture, issues du rapport qu’entretient l’élève à sa propre expérience sensible et, à partir d’elle, à lui-même, aux autres, au monde (Espinassy 2016 ; 2019; 2024). Ces apprentissages sont principalement basés sur les interactions verbales en classe ainsi que sur
une pédagogie multimodale impliquant un rapport au corps.